Formation d’hypnothérapeute en quelques heures, c’est bien possible !
Le problème, c’est que, légalement, il n’est pas nécessaire d’être médecin (ou d’avoir suivi une formation complète, sérieuse et éthique) pour pratiquer l’hypnose. Du coup, depuis quelques années, les « formations express » fleurissent sur Internet. En quelques jours (voire quelques heures !), on peut apprendre des techniques spectaculaires… et s’en servir à des fins personnelles. « Un minimum de 300 heures de formation est nécessaire pour devenir praticien en hypnose ericksonienne, analyse Nathalie Roudil-Paolucci. Ce professionnel est spécialisé dans le développement personnel et professionnel : en théorie, il ne propose pas de thérapies. Pour devenir hypnothérapeute (ce qui implique un accompagnement de la personne), nous conseillons plutôt un minimum de 900 heures de formation. Cependant, à l’heure actuelle, le titre n’est pas protégé : n’importe qui peut se proclamer hypnothérapeute ! »
« Une simple formation technique en hypnose donne déjà beaucoup de pouvoir. Un simple technicien peut utiliser des techniques d’influence et de manipulation, affirme Nathalie Roudil-Paolucci. Sans formation éthique ou code de déontologie, on peut vite tomber dans l’abus. »
Hypnose : doit-on en avoir peur ?
Psychiatrie, dermatologie, gastro-entérologie, obstétrique, pédiatrie, gériatrie… Aujourd’hui, l’intérêt thérapeutique de l’hypnose est largement reconnu dans le milieu médical. De nombreuses structures ont déjà adopté cette médecine complémentaire reconnue par l’OMS pour diminuer la douleur et le stress, résoudre certaines difficultés psychologiques ou encore accompagner les patientes pendant leur accouchement.
« En clinique, l’hypnose est utilisée comme un outil supplémentaire par les médecins, explique Nathalie Roudil-Paolucci, hypnoanalyste et directrice de l’Institut Noesis. Par exemple, l’hypnosédation est de plus en plus utilisée durant des opérations chirurgicales. »
L’hypnose, c’est quoi ? Contrairement aux idées reçues, lorsqu’on entre en état d’hypnose, on ne s’endort pas : c’est plutôt un état de veille particulier mais naturel, dans lequel l’esprit est autrement conscient. Un peu comme lorsqu’on laisse nos pensées vagabonder, juste avant de s’endormir ou sous la douche. Ou lorsqu’on exécute machinalement une action, sans même y penser. « L'état d’hypnose, est en réalité, un état différent de conscience qui permet d’imaginer pour créer du réel ou de se dissocier un instant des schémas habituels de conscience pour en créer d’autres. »
Pratiquer l’hypnothérapie aide à être heureux
L’hypnothérapie est une relation d’aide à la personne qui vise à améliorer la qualité de vie personnelle ou professionnelle. Lorsque quelqu’un reprend le contrôle de son état d’esprit, il peut libérer des réponses constructives à sa vie et se voir acteur de sa vie. Le bonheur concerne la relation à soi (corps-coeur-esprit), la relation amoureuse et d’intimité, le rapport à la famille et aux enfants, le développement spirituel, la recréation et les loisirs, la santé et le bien-être, par exemple. « Cultiver un regard de gratitude sur la vie et les êtres qui nous sont proches et qui comptent pour nous. Il est conseillé de méditer et de contempler, de pratiquer une bonne action quotidienne, gratuitement… sans rien attendre en retour. Il faut aussi savoir s’émerveiller devant la beauté qui nous entoure, chez les personnes comme dans la nature, trouver des qualités chez l’autre au lieu de le noircir de défauts, faire de l’exercice tous les jours et manger sain », explique Richard Gourel de St Pern, hypnothérapeuthe et directeur de Dynargie.
L’hypnose pour soulager les douleurs physiques
L'hypnose est un outil qui vise à soulager les souffrances, avec des exercices pouvant varier à l'infini, mais la guérison n'est pas certaine, explique Dr Jean-Marc Benhaiem, hypnothérapeute à l'origine du 1er diplôme universitaire d'hypnose créé en France en 2001.
Une séance d'hypnose se déroule en deux étapes : il faut d'abord brouiller la perception, le raisonnement et on y parvient avec des exercices assez simples, en fixant l'attention sur un point, en ayant une voix calme. On retrouve un peu la même chose dans d'autres traditions, un bruit de gong, une musique monotone, des derviches qui tournent sur eux-mêmes... L'état de confusion ainsi créé est utilisé dans l'hypnose du music-hall où l'on voit des gens manipulés comme des marionnettes. Les hypnothérapeutes s'intéressent surtout à la seconde étape qui permet à la personne de "redistribuer les cartes". Il faut semer suffisamment de confusion pour que la tête ne raisonne plus et qu'un autre monde s'ouvre, un monde plus large, où on est plus présent. Si une personne se focalise sur une souffrance, il faut la déconnecter de cette obsession.
L'hypnose vise essentiellement à soulager les souffrances. Elle est utile pour atténuer les douleurs aiguës (dents, accouchement, petite chirurgie, soins douloureux, piqûres). Elle peut aussi avoir un rôle dans les phobies, les troubles du comportement alimentaire (boulimie, anorexie), les addictions au tabac, à l'alcool mais également aux jeux, les troubles du sommeil, les situations dans lesquelles quelque chose est désaccordé. La personne peut être dans une sorte d'emprise (agression, deuil, drogue), elle n'est plus elle-même. Les exercices d'hypnose ont pour objet qu'elle devienne présente à elle-même. Ce qui est un paradoxe parce qu'on pensait que l'hypnose faisait dormir, permettait de relaxer. Mais chez les fumeurs comme chez les personnes souffrant d'autres addictions, il y en a qui arrêtent puis qui rechutent. Même avec l'hypnose, la guérison n'est pas certaine mais on tente quelque chose. Certaines personnes sont plus hypnotisables que d'autres mais même chez celles qui résistent dans un premier temps, il y a toujours un chemin. Les exercices peuvent varier à l'infini. On peut pratiquement dire qu'il y a une méthode par patient. En hypnose, on apprend à suivre le chemin du patient.
Des opérations chirurgicales sous hypnose à l’Institut Curie
Des facteurs peuvent rendre une opération chirurgicale impossible. L’un de ces facteurs est l’allergie ou l’intolérance aux produits anesthésiants. Certains patients préfèrent tout simplement ne pas subir d’anesthésie générale pour éviter ses effets secondaires. Dans tous les cas, l’hypnose se présente comme la meilleure alternative pour remplacer l’anesthésie.
Une patiente opérée du cancer du sein sous état hypnotique
Le chirurgien hypnothérapeute parle doucement à sa patiente pour l’amener progressivement à se détendre et à passer en état d’hypnose avant de passer à l’acte chirurgicale proprement dit. Dans le bloc opératoire de l’Institut Curie, tout le monde est bien calme, la patiente est capable de parler alors que le reste de son corps passe sous le scalpel. Une scène saisissante qui ferait fuir plus d’un. La patiente se fait opérer d’un cancer du sein sans anesthésie générale. A en croire elle est éveillée mais ce n’est pas tout à fait le cas. Elle est plutôt maintenue sous hypnose à un stade de conscience modifiée. Après l’intervention, la patiente a affirmé qu’elle entendait tout car elle était comme dans un demi-sommeil mais elle était dépourvue de sensation de douleur.
La confiance avant tout
La préparation du patient reste le même que ce soit pour une intervention sous hypnose ou classique mais ce sont les produits utilisés qui diffèrent. En effet sous hypnose, les médecins n’utilisent pas des produits qui ont des effets sur la pression artérielle, la respiration ou la conscience. La principale question que la majorité se pose c’est peut-on vraiment ne ressentir aucun mal durant l’intervention ? La patiente qui a été opérée du sein ajoutait qu’il y avait deux moments où elle ressentait une petite douleur et l’anesthésiste est intervenu. Car même sous hypnose, la patiente reste perfusée et hydratée dans les conditions d’un bloc normal.
L’hypnothérapie en milieu hospitalier
Dans le cadre de son approche globale de la prise en charge du patient, l’hôpital d’Aix-en-Provence utilise désormais l’hypnose médicale. Pour ce faire, une partie de son équipe de 800 personnes est actuellement formée à la technique pour disposer au final d’un binôme médecin-infirmier référent hypnose dans tous les services. En son statut de directeur, Joël Bouffiès assure que ce genre de méthode s’inscrit dans le progrès médical au même titre que les scanners et autres appareils innovants. Il ajoute également que la prise en charge de la douleur est devenue indispensable et requiert des traitements médicaux à améliorer avec des techniques complémentaires qui améliorent l’état du patient et la relation patient-soignant.
Les effets de l’hypnothérapie
Parmi les patients traités à l’hypnose, Philippe F. est victime de sclérose en plaque et les séances d’hypnose médicale lui ont permis d’éviter les neuroleptiques et de se retirer dans une bulle. Pour surmonter la douleur au quotidien, il fait de l’auto-hypnose : bien s’installer, faire des exercices de respirations profondes et imaginer des endroits champêtres.
De son côté, Christine Conti-Zolin, psychologue de l’hôpital détaille les déroulements de l’hypnose en milieu hospitalier : une séance de 5 à 45 minutes aux urgences pour guider par la voix le patient pour l’inciter à se connecter à ses ressources internes de bien-être et de détente tout en l’aidant à évoluer les perceptions, émotions, pensées et comportements limitant. Pour confirmer ses dires, le docteur Delphine Boudoin, responsable de l'unité de traitement de la douleur ajoute que l'hypnose médicale constitue une aide dans les moments de douleur complexe ou chronique où les soignants ont des procédés médicaux limités dans les services d’urgence, de chirurgie viscérale ou urologique, de gériatrie, de rééducation, de gynécologie, etc.
Hypnothérapie : une guérison subconsciente !
Pour les spécialistes de l’hypnothérapie, cette méthode mise essentiellement sur les liens entre le corps et l’esprit. Elle fait appel à différents techniques d’hypnose qui permettent de faire jouer le mental pour régler les manifestations physiologiques. Au Québec, les bienfaits thérapeutiques de l’hypnose sont utilisés par les psychologues et les dentistes.
Plus d’anesthésie
En soins dentaires, les patients préfèrent de plus en plus l’hypnose aux anesthésiants locaux et ils évitent ainsi tout risque d’allergies et d’effets secondaires. Parmi les adeptes de la technique, Hélène Poirier a du faire un choix entre l’hypnose, l’intervention à froid ou l’anesthésie générale. Lors de la mise en transe, son dentiste a pu exclure la douleur caractéristique de la chirurgie.
Une reconnaissance de la pratique
Actuellement, la technique d’hypnose dentaire est officiellement reconnue par l’Ordre des dentistes du Québec. Pour ceux qui veulent la pratiquer, il faut être membre de la Société québécoise d'Hypnose et avoir une accréditation de l’Ordre.
Un succès en psychologie
Parmi les psychologues qui pratiquent l’hypnose dans la grande région métropolitaine, Rémi Côté mise sur ses expériences dans les écoles de la Commission scolaire de Montréal pour proposer cette intervention dans son cabinet personnel. D’après lui, les patients sont tout de même méfiants et demandent un maximum d’informations sur le sujet. Une fois rassurés, l’hypnose leur permet de lutter contre l’anxiété, guérir des phobies ou oublier les intentions suicidaires. D’après le psychologue, sa clientèle est composée de personnes désespérées qui misent essentiellement sur l’hypnose pour retrouver l’espoir.
L’effet des spectacles de Messmer
Pour rassurer leur clientèle, les professionnels de l'hypnose confirment que leur hypnothérapie n’a rien de spectaculaire et n’utilise pas de manipulation comme les méthodes théâtrales de Messmer. Chez eux, il suffit de persuader les patients sur le caractère minimal de leur douleur. Ils leur enseignent aussi les techniques d’autohypnose qui leur permettent de détenir le pouvoir de la propre guérison.